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Le marché des médicaments psychédéliques devrait atteindre les $6,8Mds d’ici 2027 (soit une croissance de 16% par an), rien qu’en Amérique du Nord.
Au niveau mondial, une autre projection porte le secteur à $8Mds. Une véritable respiration dans l’industrie, tandis que le secteur des biotech a connu une contre-performance inattendue.
Les psychédéliques sont des substances psychoactives qui activent les récepteurs de la sérotonine. Leurs noms - LSD, MDMA ou encore psylocibine (issue des champignons hallucinogènes) - évoquent des drogues illicites dans la plupart des pays du monde.
Ce vif intérêt renouvelé pour les médicaments psychédéliques est porté par 3 facteurs :
| • | La hausse de l’anxiété : en particulier depuis la pandémie, qui conduit à chercher des solutions apaisantes, et plus douces que les antidépresseurs, réservés aux troubles sévères. |
| • | L’explosion des maladies mentales graves : en tête desquelles la dépression. La proportion de dépressifs chez les jeunes a ainsi quasiment doublé en 2021 (20,8%) versus 2017 (11,7%). On estime qu’un tiers des patients résiste aux traitements traditionnels contre la dépression, soit un marché de 100M de personnes en quête d’un traitement alternatif plus efficace. |
| • | Le desserrement de la contrainte légale : le cannabis est déjà autorisé dans la plupart des états américains, les psychédéliques pourraient suivre. Déjà l’Oregon a autorisé leur usage médical. L’Australie vient d’autoriser la prescription de MDMA et de champignons hallucinogènes. En Suisse, les séances de psychothérapie assistées par psychédéliques (PAP) sont autorisées depuis 2022. |
Preuve supplémentaire d’un véritable tournant, la naissance il y a un an de Psychedelic Medicine, la première revue scientifique à comité de lecture dédiée à cette branche longtemps controversée de la médecine.
En France, la prudence est de mise. Mais un programme de recherche lancé en décembre 2021 montre la voie : AdelyLSD explore le potentiel du LSD comme traitement contre l’alcoolisme.
Les opportunités
1. De nouveaux traitements très prometteurs en psychiatrie
Dans un essai mené par l’université du Connecticut, avec 51 patients atteints de cancer, 60 % ont atteint une rémission clinique pour la dépression et 52 % pour l'anxiété après une seule session à haute dose de psilocybine.
Des résultats spectaculaires, qui portent l’INSERM à y voir « la prochaine génération de traitement en psychiatrie ».
Beaucoup n’ont pas attendu le résultat de ces recherches pour être convaincus de l’efficacité des psychédéliques. Sur 110K participants à l’enquête “Global Drug Survey” l’an dernier, 6% ont déclaré déjà utiliser des drogues récréatives à des fins d’auto-médication.
Compass Pathways (UK) a été précurseur avec de nouveaux traitements à base de psilocybine contre la dépression, le trouble de stress post-traumatique (TSPT) ou même l’anorexie. Elle compte Peter Thiel parmi ses investisseurs et fait désormais figure de leader du secteur avec une capitalisation boursière de $1,6Md.
Opportunité : si les traitements dérivés des molécules phares sont déjà commercialisés ou sur le point de l’être, il est toujours possible de trouver de nouvelles molécules plus efficaces encore. 3 exemples :
| • | Transcend Therapeutics (USA, $40M levés) conduit actuellement des essais cliniques sur le méthylone, une substance jugée moins toxique que la MDMA et plus efficace contre les TSPT. |
| • | Small Pharma (UK, $52M levés) a quant à elle annoncé l’imminence d’un nouveau traitement antidépresseur basé sur la DMT, principe actif d’une drogue consommée par les indigènes d’Amazonie, l’ayahuasca, après une seconde phase concluante d’essais cliniques. |
| • | HMNC Brain Health (Allemagne, $37,5M levés) explore pour sa part l’efficacité de la kétamine pour traiter la dépression, avec un dérivé qui éviterait les puissants effets secondaires de la substance, notamment la hausse de la pression sanguine. |
2. Le phénomène du microdosing, booster d’énergie et de créativité
Sur Reddit, le forum consacré au microdosing a multiplié son nombre d’utilisateurs par 10 en 5 ans, pour atteindre 260K adeptes.
Un microdosage psychédélique, par exemple de LSD, serait de 5-10 % d'une dose psychoactive habituelle, même s’il n’y a pas de consensus scientifique sur la question.
Les adeptes du microdosing revendiquent un hacking de leur cerveau pour améliorer sa performance, grâce à l’hyperconnexion entre neurones qu’il susciterait. À la clé, créativité boostée, concentration améliorée, et sociabilité maximale. Le tout, sans les hallucinations ou l’euphorie provoquées par une dose normale.
La découverte n’est pas nouvelle. L'utilisation de psychédéliques a eu un effet profond sur l'innovation en science et en technologie. Francis Crick, prix nobel de médecine, aurait été “high” à la LSD lorsqu’il a découvert la structure en double hélice de l'ADN. Steve Jobs a également souligné que le LSD avait joué un rôle transformateur dans sa vie.
Opportunité : parmi les substances généralement utilisées pour le microdosing, seules les truffes sont légales. En se basant aux Pays-bas, il est donc permis d’en produire et d’en envoyer dans toute l’UE.
| • | Microdose Pro (Pays-Bas, 300K visites/mois sur son site) propose ainsi ses truffes dans des packagings sobres avec la promesse d’augmenter la productivité et la créativité. Le programme coûte 80€ et comprend suffisamment de truffes à microdoser pour 3 semaines. |
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| • | HVMN (USA, $5,6M levés) propose un complément alimentaire “Rise”, dont la prise quotidienne boosterait la mémoire et les capacités cognitives contenant un mélange d’herbes et d’alfoscérate de choline, une substance qui stimule la synthèse de dopamine, hormone de la motivation. |
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Les kits de micro dosing Aydoo
3. De nouveaux besoins dans son sillage
L’organisation de retraites autour de la consommation de psychédéliques est un business plus juteux qu’il n’y paraît. Aux Pays-Bas, Synthesis propose ainsi un séjour en immersion de 5 jours facturé $6.5K.
Aux US, Field Trip Health ($96.2M levés) offrent dans leurs 4 cliniques des "salles de voyage" spécialement conçus pour les thérapies psychédéliques : fauteuils “zéro gravité”, casques à réduction de bruit, playlists spécialement concoctées, et couverture lestée pour un confort maximal. 93% des clients témoignent d’une amélioration de leurs symptômes.
Opportunité : c’est sur le front digital que l’on retrouve les opportunités les plus intéressantes.
Wavepaths (UK, $4.5M levés), fondé par un neuroscientifique de l'Imperial College de Londres, propose des playlists adaptées aux expériences psychédéliques, customisées pour chaque patient.
Côté visuel, on peut imaginer des expériences en VR spécialement conçues pour être utilisées en combinaison avec des psychédéliques.
Une étude pharmacologique avait mis en évidence dès 2018 le potentiel des interactions synergiques entre les deux.
Une opportunité à saisir avec la sortie du Vision Pro ? En tout cas, Apple serait en train d’explorer le potentiel de son casque pour diagnostiquer les maladies mentales. Du diagnostic au traitement, il n’y a qu’un pas…